Comment devient-on danseuse d’une compagnie New Yorkaise ?
Avec plein de détour. New York n’était pas un but et c’est arrivé à un moment de ma vie ou je faisais une pause. C’est arrivé de fil en aiguille. Tarbes, Bordeaux, Anvers, New York. J’ai fait un stage qui s’est terminé par une audition, et une bourse pour les Etats-Unis. Je pensais rester un an, puis deux. Rapidement je suis tombée amoureuse de New York que je n’ai pas quitté depuis 12 ans maintenant.
Il fallait quitter Tarbes ?
Je ne sais pas. Pour moi ça s’est passé comme ça. Je suis partie quand j’avais 12 ans. Mon professeur de danse au conservatoire était ma maman, et j’étais à un âge ou c’était compliqué car je n’arrivais pas à faire la séparation entre ma maman et le professeur, pour m’épanouir et avoir une relation apaisée. Je ne pouvais pas continuer comme ça. Je suis partie à Coutras chez Christian Conte et Martine Chaumet qui ont un centre de formation préprofessionnel. Je travaillais beaucoup. De la danse, encore de la danse et aussi l’école par correspondance. Il y a aussi eu la Royal ballet school à Anvers. C’était génial, j’ai énormément appris mais c’était aussi très dur et on ne s’en rend pas compte à cet âge-là. J’étais seule, j’ai eu plein de blessures. J’ai eu besoin d’une pause. Je suis retournée à Bordeaux avec la sensation d’être en échec.
Ca va très vite. Et même trop ?
Il y avait cette mentalité à l’époque que pour devenir danseur, il fallait être au top très vite pour avoir ses écoles et sa compagnie à 16/18 ans. Moi, j’avais une relation qui était devenue compliquée avec la danse. C'est là que New York est arrivée. La danse s’est réintroduite dans ma vie d’une façon que je n’aurais pas imaginée. Je suis retombée amoureuse de cet art. Et après les écoles apprendre à jongler entre être danseuse et les autres boulots pour payer son loyer. J’ai fait beaucoup de crêpes, j’ai donné des cours de danse aussi, et petit à petit je me suis tournée vers le coaching sportif. Il a fallu du temps et beaucoup de détours pour arriver à être danseuse et avoir cette liberté. Je suis maintenant dans la compagnie Smashworks depuis 7 ans. C’est un luxe de fou de pouvoir travailler avec des gens avec qui je m’entends bien, avec qui je partage les mêmes visions artistiques et les mêmes valeurs.
Quel est votre regard sur la petite fille du conservatoire ?
C’est un regard avec beaucoup d’émotion. Et d’empathie aussi car j’étais très dure avec moi-même. Mais je n’ai rien lâché en fait. Et même les moments de pause étaient des moments qui ont été nécessaire. Je comprends aussi combien elle ne prenait pas toujours soin d’elle et de ses blessures aurait pu être évitées. Et tous les choix de cette petite fille un peu bornée pour se rapprocher de ce qui est vrai, tout ce qui a du sens pour moi ont été les bons. Ils ont permis de construite l’adulte, la danseuse que je suis maintenant.
Quels conseils donner aux petits danseurs et danseuses tarbais ?
Il faut croire en soi et ne pas lâcher ses rêves. Mais aussi d’accepter de faire autre chose que de la danse, d’accepter les détours. Je pense que pour devenir un danseur accompli, il faut s’être enrichi de plein de choses, de plein d’expériences.